Chers frères et soeurs,

Nous voici au sommet de la semaine sainte, avec cette grande fête : PÂQUES, Christ est Ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Alléluia !!! Dans ce contexte de confinement, nous vivons une Pâques particulière, mais qui nous permet peut-être de mieux percevoir que cette fête est finalement une formidable promesse de vie nouvelle en Jésus-Christ. Sauf que cette promesse n’est accessible et efficace que dans la foi, l’espérance et l’amour (1 Co 13,13).

  1. Le tombeau vide, il est grand le mystère de la foi !

La bonne nouvelle de la résurrection part d’un fait dont le sens n’est pas évident : le tombeau de Jésus est vide. A-t-on déplacé son corps ? Marie-Madeleine pense à cette possibilité. Avec elle, les apôtres de Jésus cherchent à comprendre. On les voit courir pour vite se partager la nouvelle et trouver une explication. Marie-Madeleine ne comprend pas ! Pierre non plus. Le premier à comprendre, c’est le disciple que Jésus aimait : « il vit et il crut ».

Or Jean, celui que Jésus aimait et à qui il a confié sa mère (cf. Jn 19,27), n’a pas besoin de preuves matérielles ; il n’a pas besoin de voir pour croire, comme l’exigera l’apôtre Thomas l’incrédule. La foi de Jean est « amour et mémoire ». Il se souvient que Jésus a dit : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, …qu’il soit tué, et que le troisième jour, il ressuscite » (Lc 9,22). La foi de Jean ne repose pas sur des preuves matérielles ; elle repose sur l’amour fort qu’il a pour son Maître et sur la confiance en « la parole qui sort de la bouche de Dieu » (cf. Mt 4,4). La parole de Dieu est efficace pour celui qui met sa confiance dans le Christ. Et à celui-là, il est donné de marcher de clarté en clarté, parce que l’aube de Pâques illumine toute sa vie (cf. Jn 1,1-14).

Fêter Pâques c’est vivre l’anamnèse de la messe où nous accueillons le mystère de la foi en ces termes : « Nous proclamons ta mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ». Et cette foi nous fait vivre et permet de revivre.

  1. Appelés à l’espérance et hors de nos tombeaux !

Jésus qui a pris la condition humaine, lui qui a pris sur lui nos péchés et notre fragilité, il en est sorti définitivement vainqueur. Il les laisse dans le tombeau, comme ces linges qui y sont abandonnés. Il est sorti du tombeau avec tous les membres de son corps que nous sommes.

Avec lui, nous sommes aptes à sortir du péché, à devenir des êtres nouveaux, à abandonner dans la tombe les signes de la souffrance, de la haine et de la mort. Avec lui, nous sommes capables de nous relever et de revivre, comme Marie-Madeleine et les apôtres.

Tenez, le chemin de croix que nous venons de revivre en ce vendredi saint nous a rappelé que Jésus a été abandonné même par les siens. Pierre qui a promis de lui rester fidèle l’a renié trois fois. Et après la mort de Jésus, ses amis sont allés s’enfermer, par peur. Ils ont vécu aussi leur confinement, dans la peur et l’angoisse. Donc, ils étaient presque morts en même temps que leur Maître ! Et voilà qu’à l’annonce de la bonne nouvelle de la résurrection, ils vont revivre. Pierre va prendre la parole devant une grande assemblée. Oui, Pâques est une ferme promesse de vie à tous ceux qui croient en Jésus. Celui-ci l’a dit lui-même à Marthe, la soeur de Lazare : « Je suis la résurrection. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra » (Jn 11,25).

Et Saint Paul dira : « Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11). Que Jésus ressuscite le premier jour de la semaine, cela peut être le signe d’une création renouvelée. « Purifiez-vous donc des vieux ferments », nous dit Saint Paul (2ème lecture). L’homme qui croit, qui est plongé dans le Christ ressuscité, vit de son baptême ; il est amené par le ressuscité à passer des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la tristesse à la joie.

  1. Le Christ est ressuscité, et l’amour a triomphé

La résurrection de Jésus annonce la victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur la haine, du bien sur le mal. Et pour nous qui « sommes ressuscités avec le Christ », toute la vie chrétienne est une réponse à l’amour de Dieu. Si bien que, même quand l’amour devient difficile et que nous désespérons d’aimer, nous n’avons pas à démissionner, à désespérer. Car, un monde nouveau est possible.

Marie-Madeleine « se rend au tombeau de grand matin », défiant les ténèbres et toute peur, le coeur attristé et les yeux larmoyants, pour embaumer le corps de Jésus. Quand les disciples dormaient encore, elle était déjà debout. Elle voulait, par la gratuité même de son geste, témoigner de son ultime acte d’amour pour le Maître. Cette femme représente ainsi la figure de l’amour : pour être restée fidèle au commandement de Jésus – « demeurez dans mon amour » (Jn 15,9) – elle nous apprend à demeurer dans l’amour, à croire en l’amour, à persévérer dans l’amour quoiqu’il arrive. Marie Madeleine qui a aimé à la folie et nous rappelle que « l’amour supporte tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout » (1 Co 13,7). Et c’est cet amour qui va amener d’autres à découvrir le tombeau vide, n’est-ce pas ?

A l’annonce de cette femme, Pierre et Jean vont suivre ; ils vont courir ensemble, apaiser cette femme, essayer de comprendre avec elle, et aller annoncer la bonne nouvelle aux autres. Ils ont vaincu la peur ! Celui qui a renié Jésus va même prendre le devant pour proclamer la résurrection au grand public. Et il tient à souligner que la résurrection est, on dirait, le couronnement de la vie de ce Jésus qui n’a fait que du bien et des prodiges pour donner la vie et l’épanouir.

Aujourd’hui encore, la fête de la résurrection de Jésus nous trouve, comme les apôtres de Jésus, lors d’une expérience de confinement pour éviter le mal et la mort. Le ressuscité nous montre comment sortir avec lui de nos tombeaux : notre passage par ce « tombeau » du confinement nous amène à comprendre qu’il nous faut redécouvrir la valeur de la prière et de la méditation, la chaleur de la vie familiale, l’importance des liens fraternels, de l’attention aux personnes seules, de la solidarité, des contacts, et la beauté de ces rassemblements qui nous manquent actuellement. Voilà comment, en cette Pâques et paradoxalement par l’expérience du confinement, Dieu vient faire de nous des êtres nouveaux et nous préparer à une vie vraiment nouvelle, solidaire et fraternelle.

Laissons le Christ nous relever avec lui, pour sortir de nos tombeaux et nous faire passer des ténèbres à son admirable lumière.

Esprit de Dieu, fais de nous des ressuscités ! Alléluia.

 

Bonnes fêtes de Pâques à vous tous.

 

Père Sébastien,

La Tour-du-Pin, ce samedi 11 avril 2020