Mes sœurs et mes frères bien-aimés, chers paroissiens, c’est dans une circonstance particulièrement grave et unique que Jésus a prononcé ces paroles. Cette circonstance c’est l’imminence de sa mort. En effet, toute personne, au moment d’achever sa course terrestre, tente de déposer l’essentiel d’elle-même auprès de ceux qui lui sont chers, et de dire ce qui compte vraiment pour elle.
Au moment ultime où Jésus passait de ce monde à son Père, le soir du jeudi saint, son Cœur se trouve partagé entre deux souhaits, deux désirs, apparemment contradictoires, inconciliables, mais qui lui sont inspirés l’un et l’autre par son fol amour pour nous. Le premier désir qui l’anime est celui de verser son sang, donner sa vie pour ceux qu’il aime, puisque, comme il l’a dit lui-même, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn. 15, 13). L’autre désir c’est de rester avec tous « les siens », tous ses disciples, tous ses amis, car l’amour ne peut supporter la séparation. « Il n’est pas d’amour qui résiste à l’absence », dit-on.
C’est ce double élan d’amour qui a fait trouver à Jésus, dans son génie divin, l’invention inouïe de la Sainte Eucharistie : « Ceci est mon corps…Ceci est mon sang. »
Maintenant il peut donner aux hommes le témoignage suprême de son amour en versant son sang… Maintenant il peut partir, car désormais il sera avec nous tous les jours, certes autrement mais réellement, et cela jusqu’à la fin des temps. Il est présent dans la sainte Eucharistie. La petite lampe qui brille sur les tabernacles de nos églises témoigne de sa présence. Et par la Sainte Communion, nous sommes unis à lui dans une union ineffable: «Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui» a-t-il dit (Jn.6, 56).
En même temps que l’institution de l’Eucharistie, le même soir du jeudi saint, Jésus a institué aussi le Sacerdoce… Il existe ainsi un lien indissoluble entre ces deux sacrements nés ensemble : « Pas d’Eucharistie sans Sacerdoce ni de Sacerdoce sans eucharistie » (Saint Jean-Paul II). Jésus a voulu que, par les mains des prêtres, grâce à la sainte Messe, il soit remis quotidiennement présent sous nos yeux : « Faites cela en mémoire de moi » (Lc. 22,19)
Même si, dans les circonstances inédites de l’épidémie du coronavirus que nous traversons actuellement, nous ne pouvons pas participer à la Sainte messe, ni accéder à la sainte communion, néanmoins nous pouvons recevoir Jésus dans notre vie, par une « communion de désir ». Celle-ci c’est l’union à Jésus, non en le recevant corporellement dans la sainte hostie, mais par un désir du cœur procédant d’une grande foi en la Personne du Christ Sauveur. La communion de désir n’est pas une invention de notre siècle. C’est un moyen traditionnel de s’unir au Christ pour toutes les personnes qui ne peuvent pas communier corporellement : les catéchumènes, les personnes âgées ou malades qui n’ont que la messe à la télévision ou à la radio, certains handicapés ne pouvant communier pour des raisons physiologiques, ainsi que toutes les personnes retenues par l’un ou l’autre empêchement. Que ce désert spirituel que nous traversons avive notre soif de Dieu et attise davantage notre désir de la table eucharistique : « J’ai tellement désiré manger cette pâque… ».
Prions également pour nos prêtres, afin qu’ils brûlent toujours du même désir qui animait le cœur de Jésus à la dernière Cène: « J’ai tellement désiré manger cette pâque… » Cet ardent désir du Christ pour le repas pascal, c’est ce que ressent chaque jeune prêtre le jour de son ordination sacerdotale. Mais il peut arriver que ce désir s’étiole au fil du temps. C’est pourquoi nous devons prier sans cesse pour nos prêtres afin que la tension vers l’eucharistie les accompagne chaque jour, d’une messe à une autre.
Mes chers frères et sœurs, aimons nos prêtres, soutenons-les ! Remercions-les de temps en temps, non pas pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont. Par rapport à ceux qui ont failli, ne les jugeons pas, mais restons sereins et confiants comme la Vierge Marie et saint Jean au pied de la Croix et prions encore et toujours pour eux.
Père Jean-Paul WASINGYA MUSAVULI
La Tour-du-Pin, le 09/04/2020