Aujourd’hui c’est un dimanche particulier car c’est le pèlerinage de la Salette, mais c’est surtout une journée de prières et d’actions en faveur des migrants et des réfugiés. Le pape, très engagé sur le sujet, a choisi comme thème « contraints de fuir comme Jésus Christ ».  Vous trouverez toutes les informations sur le site de la paroisse ; Michelle à la fin de l’Eucharistie, vous parlera de l’association « Accueil Réfugiés vals du Dauphiné » que certains d’entre vous connaissent puisqu’ils sont adhérents.

Je voudrais tout d’abord faire  quatre « remises en mémoire »

  • La première avec l’évangile de dimanche dernier. En effet le maitre du domaine est un très mauvais comptable puisqu’il donne le même salaire indépendamment du nombre d’heures effectuées dans la vigne.  En effet, quelle que soit  l’heure d’arrivée à la vigne « Tôt le matin  9 h,  12 h,  15 h. » le salaire à la fin de la journée est le même.

Aux reproches qu’ils lui sont adressés, le maitre  répond : vous n’allez quand même pas m’empêcher d’être bon. Nous pouvons retenir de dimanche dernier qu’il faut être bon au-delà de tout raisonnement avec les migrants et les réfugiés. Nous sommes dans une éthique de conviction.

  • La seconde concerne un geste du pape qui a béni une croix entourée d’un gilet de sauvetage. Vous la verrez sur le site de La Paroisse avec ces mots du pape. « J’ai décidé d’exposer ce gilet de sauvetage, « crucifié », pour rappeler à tous l’engagement impératif de sauver toute vie humaine, car la vie de chaque personne est précieuse aux yeux de Dieu. Le Seigneur nous demandera des comptes à l’heure du jugement »
  • La troisième concerne le geste que vous avez eu lors la création de l’association « Accueil Réfugiés Vals du Dauphiné ». L’association n’oublie pas l’organisation des bols de riz qui lui a rapporté une somme significative dont elle avait absolument besoin pour son démarrage.
  • La quatrième, c’est le désastre humanitaire à Lesbos avec un camp totalement en feu.

J’en viens maintenant aux lectures du jour et surtout à la première lecture. Cela n’apparait pas à première vue  mais quand Ezéchiel parle, il le fait à partir de Babylone, car en 597 avant Jésus Christ les habitants de Jérusalem ont été déportés par les armées de Nabuchodonosor. C’est pour le peuple de la bible, la catastrophe des catastrophes. En quelques jours, ils ont tout perdu : leur terre, le temple, la famille leur roi, les amis etc.

Les réfugiés qui sont à la Tour du Pin dans le cadre de notre association ne sont pas très bavards sur ce qu’ils ont vécu, mais nous savons que Joseph a été persécuté pour son engagement  auprès des enfants travaillant dans les mines de Coltan, que Cédrac et Raïssa ont été obligés de tout quitter à cause de leurs convictions religieuses, qu’Aminata et Kadiatou ont fui leur famille pour que leurs petites filles Rahamata et Mahoundé puissent vivre leur vie en toute intégrité, que Jules et Cornélie n’avaient pas d’autres solutions pour soigner un enfant très malade.

Il y a entre le peuple de la bible et le peuple des réfugiés, des migrants une même histoire, une histoire de souffrance, mais aussi une histoire qui ne se ferme pas sur elle-même.

Ezekiel  est là au milieu de cette souffrance  et il se rend compte que  certains de ses compatriotes n’ont plus la force de prendre les bonne décisions, alors il les encourage avec ses mots dans les circonstances du moment.

« Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, »

Dans l’association les prophètes sont présents et  sont très proches des pensées du Pape qui préconise un soutien autour  de quatre mots : Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer.

Accueillir : c’est apprendre et écouter l’autre. C’est s’ouvrir à ses habitudes et à ses richesses culturelles.

Protéger : c’est être bienveillant, épauler, mettre à l’abri, coopérer pour garantir un avenir meilleur

Promouvoir : c’est laisser l’espace à l’autre, reconnaitre ses compétences pour qu’il reste acteur de son chemin, l’encourager.

Intégrer : c’est comprendre et admettre les différences et l’humanité commune. Ce n’est pas absorber ou assimiler.

Ezekiel est là pour dire également à ses compatriotes qu’un avenir est toujours possible qu’il ne faut pas se décourager. C’est le rôle des prophètes d’annoncer que Dieu est toujours présent au milieu de  son peuple.

Dans l’association Joseph est arrivé il y a 4 ans sur notre territoire. Il travaille chez Pasquier. Il s’est installé dans sa maison. Il donne de son temps pour les autres. Il participe aux sorties joelettes et cette année il s’est inscrit comme famille accueillante dans la boucle JRS.

Kadiatou a passé un CAP de cuisinière et Aminata commence une formation d’aide à la personne.

Dans la seconde lecture Paul nous dit que vivre dans le Christ, c’est  se réconforter les uns les autres, s’encourager, être en communion, avoir de la tendresse.  Une remarque tout d’abord : on peut vivre à la manière du christ sans forcément savoir qui il est. Nous connaissons tous des personnes qui sont exemplaires sans forcément aller à l’église pour utiliser le jargon courant.

Sur le site de la paroisse vous verrez une photo que l’on pourrait intituler « le temps des cerises ». Tous  les réfugiés, parents, enfants, se sont retrouvés chez Sara et Michel pour cueillir les cerises et partager dans la joie, un bon gouter fait  des spécialités de chacun, ce fut me disait Michelle desbrosse un moment riche d’échanges, d’écoute de paroles sur nos vies, nos attentes nos espoirs. Parents et enfants étaient heureux de se retrouver tous à la campagne à l’ombre des cerisiers.

Lorsque j’écoute les uns et les autres au conseil d’administration, j’ai l’impression de vivre notre projet paroissial qui a comme point d’accroche : Comme une famille ou l’on rencontre le Christ qui aime. L’association des réfugiés est cette famille ou l’on rencontre l’amitié l’amour au milieu des difficultés car tout n’est pas idyllique comme dans toutes les familles

Pour terminer je quitte les cerises de Michel pour écouter Jésus nous dire dans l’évangile « va travailler aujourd’hui à ma vigne ». Il y a différentes manières de travailler à la vigne du Seigneur selon nos charismes, en fonction de notre âge et de notre santé. Sur notre paroisse nous avons des exemples de personnes qui se sont donnés et qui se donnent jusqu’au bout du bout.

Mais Aujourd’hui, c’est un jour particulier. Aujourd’hui c’est un jour ou il faut d’avantage penser à toutes ces personnes qui ont dû fuir leur pays. Toute vie est sacrée, la nôtre, mais aussi la leur.

Jean-Marie Claeys, Diacre
La Tour du Pin, 27/09/2020