Le temps de l’Avent nous permet d’entendre une nouvelle fois les nombreuses promesses que Dieu adresse à son Peuple de la première Alliance, et de voir leur réalisation en Jésus et dans l’Eglise, puisque l’Incarnation du Fils de Dieu marque l’inauguration du Royaume déjà mystérieusement présent et encore à venir. Qu’il est bon, en temps de crise, dans cette période déstabilisante que nous traversons, de nous réapproprier ces paroles d’espérance, et de constater qu’elles ont commencé à s’accomplir. Aujourd’hui encore Dieu est à l’oeuvre pour réaliser son dessein bienveillant ; aujourd’hui les signes d’espérance sont là qu’il nous faut savoir reconnaître pour en témoigner particulièrement auprès de ceux qui sont inquiets et troublés.

La Parole de Dieu est un appui très sûr dans les périodes instables ; elle est une lumière dans la nuit ; un repère dans le brouillard ; une nourriture solide et une véritable oasis, dans les traversées de désert. Jean-Marc, en étant institué lecteur, vous vous mettez au service de cette Parole de vie, pour la proclamer à la communauté chrétienne, l’annoncer aux chercheurs de Dieu, la transmettre aux jeunes et aux adultes qui sont catéchisés et à ceux qui se préparent à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne. Pour bien accomplir votre service, il est indispensable de vous mettre à l’école de la Parole de Dieu, de vous laisser transformer par elle, et de vous effacer devant elle comme St Jean-Baptiste devant le Christ.

Durant le temps de l’Avent, l’Eglise met en lumière deux grandes figures : Saint Jean-Baptiste le Précurseur et la Vierge Marie. Saint Jean-Baptiste, qui clôt le temps des prophètes, précédant et annonçant le Christ, la Vierge Marie qui témoigne de l’avènement des temps nouveaux. Dieu a suscité St Jean-Baptiste « pour rendre témoignage à la Lumière », car cette Lumière est une Lumière divine, inaccessible aux sens et à l’intelligence humaine. Autant Jean-Baptiste est connu et attire à lui les foules, autant la venue du Messie dans notre monde restera cachée, sauf à ceux qui recevront une lumière venant de Dieu (les bergers, les mages). Jean-Baptiste a fortement impressionné ses contemporains, au point qu’on se demandait si ce n’était pas lui le Messie attendu. On lui demande s’il est le Christ, ou le prophète Elie qui devait revenir pour préparer la venue du Messie ou le Prophète annoncé par Moïse : il répond par la négative. Pourtant Jésus dira de lui qu’il est le prophète Elie qui devait venir. Lui se présente comme la voix de celui qui crie dans le désert. Il est la voix qui précède la Parole, comme le dit si bien St Augustin. Derrière lui arrive un plus grand que lui.

Jean baptise pour préparer les gens à accueillir le Sauveur, pour leur signaler qu’Il est déjà au milieu d’eux : « au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Il signale sa présence aux gens qui Le cherchent et qui affinent leur regard intérieur par la conversion et une écoute attentive des prophéties. Il n’est pas possible de reconnaître et d’accueillir le Fils de Dieu qui vient au milieu des hommes sans accueillir d’abord Jean-Baptiste ; en effet, par sa parole, il éveille les coeurs, et ouvre les yeux en invitant à la conversion. C’est lui qui désigne le Messie, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. La voix précède la Parole, Jean-Baptiste précède Jésus.

Frères et soeurs, le Christ est au milieu de nous, mais Le connaissons-nous vraiment ? Savons-nous reconnaître sa présence dans sa Parole, puisque, comme le dit le Concile Vatican II, quand la Parole est proclamée en Eglise, c’est Lui qui nous parle. Savons-nous Le reconnaître dans le sacrement de l’Eucharistie, le plus grand des sacrements ? Savons-nous Le reconnaître dans le petit, le pauvre, le malade, le prisonnier, qui sollicitent notre amour ? Savons-nous le reconnaître dans le frère ? Ne pensons pas que nous connaissons Jésus si nous en restons uniquement à ce que nous avons appris au catéchisme. Ce que nous avons appris est certainement vrai, mais partiel ; le Christ est toujours plus grand que ce que nous avons perçu de Lui. C’est pourquoi, nous devons Le chercher tout au long de notre vie et nous unir à Lui pour Le connaître vraiment.

Jean-Marc, vous allez recevoir le ministère de l’acolytat pour le service de l’autel, c’est-à-dire pour le service du Corps eucharistique et ecclésial du Christ. Ce service vous invite à vous unir à Jésus dans son mystère pascal dont nous faisons mémoire dans l’Eucharistie et à aimer l’Eglise son Epouse dans la diversité de ses membres. Le service pratique de l’autel, pour aider les prêtres et les diacres, lors de la célébration, vous lie à l’Eglise, à chacun de ses membres. Ce service est celui de la communion : vous participerez à distribuer le Corps du Christ à vos frères et soeurs, quand on aura besoin de vous, et vous veillerez à construire la communion fraternelle. Pour cela, vous vous ferez toujours davantage tout à tous, laissant au second plan votre sensibilité spirituelle et ecclésiale personnelle, pour vous faire le frère de chaque membre de la communauté et pour servir l’unité, sous l’autorité de votre curé.

Demandez la grâce de partager l’ardeur de St Jean-Baptiste, tout donné à sa mission, mais aussi son humilité et son effacement devant le Christ. Entrainez vos frères et soeurs chrétiens à devenir toujours plus une communauté de disciples missionnaires, une communauté « en sortie », qui témoigne que les promesses de Dieu concernent absolument toute personne humaine.

La joie des serviteurs du Christ, la joie de l’Eglise, a sa source dans les promesses de Dieu, elle est aussi liée à la participation à la mission. Tous ceux qui se donnent à la mission sont les témoins émerveillés de la présence du Christ à l’oeuvre dans notre monde, à l’oeuvre dans le coeur de ceux qu’Il leur donne de rencontrer. La joie chrétienne, la joie de ce dimanche de « Gaudete », est la joie du salut. Puisse cette joie nous habiter profondément et rayonner largement autour de nous ! Amen !

† Guy de Kerimel
Évêque de Grenoble-Vienne