Le regard du Baptiste posé sur Jésus a dû être insistant pour que, à sa parole : « voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » les deux disciples, Jean et André, se mettent en route à la suite de Jésus. L’Évangile de dimanche prochain nous relatera la rencontre entre Jésus et ses deux disciples. Ils étaient donc deux disciples au départ. Et combien sommes-nous aujourd’hui dans cette église ? Et combien sommes-nous de par le
monde aujourd’hui pour célébrer le baptême de Jésus ? Et si par hasard ou par bonheur ce qui a mis en route ces deux disciples était ce qui nous rassemble ce matin ? !

Sans doute Jean le Baptiste a-t-il expliqué à ses deux disciples, ce qu’il avait compris au moment où Jésus sortait de l’eau. Il a vu la colombe et entendant la voix qui vient du ciel, en un instant, il comprend que si Jésus est le fils bien-aimé, la voix est celle du père. C’est la première manifestation publique du Dieu Trinité : la voix du père se fait entendre, le fils est dans la flotte, et sur lui plane la colombe de l’Esprit. Quelle révélation, Jésus son cousin n’est autre que Dieu fait homme en la personne du fils. Dieu fait homme voilà l’inimaginable : l’enfant de la crèche, Jésus devenue adulte, inaugure sa mission pastorale. Sa mission pastorale commence au milieu des pécheurs auquel il s’identifie. Et le Baptiste comprend que le fils s’est fait homme pour enlever le péché du monde !

Rappelons-nous le contexte : le Baptiste propose un baptême ! Baptême faut-il le rappeler signifie plonger, immerger, ce n’est pas d’abord un mot chrétien, c’est un mot technique. Avec cette immersion dans les eaux du Jourdain le Baptiste propose concrètement un rite de purification accompagnée d’un acte de conversion, impliquant la confession des péchés. Et les foules sont là avec le secret espoir, en vivant le plongeon que propose le Baptiste et en confessant leurs péchés, d’être pardonné. Tous les juifs savent que seul Dieu pardonne les péchés. Et la conséquence du péché pour un juif c’est la rupture avec Dieu. Alors lorsqu’une sorte d’envoyé de Dieu, le Baptiste, propose un rite de pardon des péchés, les foules sont là, et on fait la queue… pour confesser ses péchés !

Souvenez-vous, au début de cette eucharistie nous avons pris quelques secondes de silence pour faire le point sur le péché en nous et pour demander pardon. Si nous l’avons fait sérieusement, si nous avons regardé en face notre péché, si nous l’avons nommé intérieurement, c’est parce que nous savions que Dieu montre sa miséricorde, nous savions que Dieu est riche en pardon, comme nous l’avons entendu tout à l’heure dans la première lecture. Et bien au bord du Jourdain tous ceux qui faisaient la queue pour confesser leurs péchés en se faisant baptiser par le Baptiste étaient dans le même état d’esprit que nous tout à l’heure ! Alors revenons au bord du Jourdain…

Voilà que dans la file de ceux qui attendent, le Baptiste aperçoit son cousin Jésus, il le connaît bien… ! Il se dit indigne de dénouer sa sandale c’est-à-dire d’être son esclave. La mission du Baptiste c’est de préparer un chemin pour Jésus. Mais Il ne comprend pas ce que Jésus fait là ! Ce n’est pas prévu au programme ! Jésus a-t-il des péchés à confesser ? Bien évidemment non ! Alors que fait-il là ? Le Baptiste lui dit bien « ce n’est pas moi qui
dois te baptiser, c’est toi qui dois me baptiser » et Jésus lui répond « laisse faire » ! Alors pourquoi ?

Le baptême de Jésus, c’est l’inverse de celui que nous avons reçu quand nous étions bébés pour la plupart d’entre nous. Le jour de notre baptême nous avons été plongé dans l’amour et la vie du Père, du Fils et du Saint Esprit ! Nous avons été plongés en Dieu ! Nous sommes devenus membres de la famille Dieu ! Le baptême que vit Jésus dans les eaux du Jourdain, c’est l’inverse : c’est un plongeon dans l’humanité pécheresse ! C’est le dévoilement de la raison pour laquelle le Fils s’est fait homme ! Jésus, Dieu, le Fils vient vers le Baptiste pour se plonger dans le péché de l’humanité ! Il prend sur lui ce péché de l’humanité ! Il ressort des eaux du Jourdain tout dégoulinant du péché des hommes ! Et cela va l’emmener jusqu’à la croix ou de façon ultime par amour de l’humanité pécheresse, il va verser son sang pour vaincre le mal, le péché, la mort ! Sa résurrection est l’attestation de cette victoire !

Saint-Jean dans sa première lettre (deuxième lecture de tout à l’heure), nous affirmait que « le vainqueur du monde c’est celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ». Jésus, le sauveur, c’est son nom, a vaincu le péché du monde par l’eau et le sang ! Les eaux du Jourdain témoignent que Jésus a pris sur lui le péché du monde ! Le sang versé sur la croix témoigne que Jésus a vaincu ce péché ! Et l’esprit saint en notre cœur témoigne que notre
péché est pardonné, que tous les péchés du monde, absolument tous les péchés du monde, sont pardonnés. Les trois rendent témoignage : l’eau, le sang et l’esprit. Mais ce témoignage ne s’impose pas ! Comme disait Bernadette à son curé à propos des apparitions de Marie : « je ne suis pas chargé de vous le faire croire, je suis chargé de vous le dire ! » Le témoignage demande à être accueilli par la libre adhésion de la foi ! Et alors quel festival de joie et de lumière, lorsque l’amour sous la forme du pardon envahi notre cœur… ! Mais comment peut-on encore se tenir à distance du pardon de Dieu ?

« Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! » L’avenir de l’humanité est là ! À la suite des deux premier disciples Jean et André, nous somme dépositaire de cette bonne nouvelle l’humanité est pardonnée ! Mettons-nous en route pour suivre Jésus, l’agneau, même si cela doit nous en mener à la croix ! Nous irons, car nous savons qu’après la croix il y a la résurrection… ! Les martyrs des premiers siècles de l’église ont versé leur sang pour cette vérité… ! Aujourd’hui de par le monde, au Pakistan en Inde au Nigéria…, d’autres chrétiens versent leur sang et témoigne ainsi de l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Et nous chez nous, nous sommes attendus pour témoigner de cette même vérité de foi. Ne nous dérobons pas… !

Père Bertrand