Mes chères sœurs et mes chers frères, si je pouvais résumer en quelques mots le sens de la fête d’aujourd’hui, je dirais que la Pentecôte, c’est la fête de la vie nouvelle, la fête de la deuxième chance. Les apôtres n’avaient pas tenu leurs promesses, ils avaient manqué de fidélité et d’amitié envers Jésus. Judas a trahi, Pierre a renié trois fois, et tous ont pris la fuite. Ils avaient bien besoin d’être pardonnés, d’être renouvelés. L’Evangile nous dit qu’ils étaient enfermés dans la maison et que toutes les portes étaient verrouillées. Ils étaient paralysés par la peur.  Ils se sentaient coincés et ne voyaient pas d’issue possible.

Mais à la Pentecôte, l’Esprit Saint vient leur dire qu’il existe une sortie, une issue possible, une perspective d’avenir, qu’il y a toujours une deuxième chance. Peut-être avez-vous aussi trahi, peut-être avez-vous failli, et vous vous êtes enfermé sur vous-même, dans votre culpabilité, dans le défaitisme. Aujourd’hui le Christ vous dit qu’il existe une issue possible, une deuxième chance.

Alors que toutes les portes étaient closes, le Christ vient, il souffle sur ses disciples et leur donne la force de son Esprit. Les portes s’ouvrent et un vent de fraîcheur les invite à sortir au grand air. Ils peuvent alors communiquer avec tous les humains de la terre. Dans la première lecture, il est dit qu’ils sont réunis et chacun «comprend l’autre dans sa langue maternelle».

La Pentecôte est à l’opposé de la Tour de Babel, là où les gens parlaient différentes langues et ne se comprenaient pas. À la Pentecôte, au contraire, nous retrouvons des gens de nombreux pays, qui parlent des langues différentes mais qui comprennent ce que disent les apôtres. C’est l’unité dans la diversité et le respect dans la divergence.

À travers les siècles, l’Église a fait beaucoup de bonnes choses mais elle a aussi commis des erreurs. L’une d’elles a été d’imposer le latin à toutes les cultures et le Concile Vatican II a reconnu cette erreur. Ceci va à l’encontre de l’esprit de la Pentecôte. L’idée fondamentale de la fête d’aujourd’hui n’est pas que tous parlent une seule langue mais que tous comprennent le message de Jésus-Christ, chacun dans sa propre langue. C’est à l’Église de se faire comprendre par tous, d’apprendre toutes les langues, de se joindre à toutes les cultures. Il ne s’agit pas d’amener les gens à comprendre la langue de l’Église, mais bien de parler la langue de ceux qui écoutent. L’Église ne doit jamais s’identifier à une culture ou une nation car elle serait infidèle à l’Esprit de la Pentecôte. La globalisation ne détruira jamais les traditions particulières, les différentes langues, les valeurs de chaque peuple. La Pentecôte crée un effet unificateur, tout en respectant la diversité des cultures.

Dans nos assemblées dominicales, nous formons une mosaïque de gens très différents les uns des autres : riches et pauvres, jeunes et moins jeunes, ayant des idées parfois opposées sur toute une série de sujets. Mais au-delà de tout cela l’esprit nous propose l’unité dans la diversité et le respect dans la divergence.

L’Église de la Pentecôte refuse de s’enfermer dans des ghettos, dans des chapelles. Elle est ouverte à tous. L’Église de la Pentecôte refuse de s’enfermer dans les sacristies, en cherchant à échapper aux réalités de la vie, en évitant de se salir. C’est bien ce que les apôtres cherchaient à faire, dans la  sécurité et la quiétude de la chambre haute, derrière des portes closes. Mais l’Esprit Saint les oblige à ouvrir les portes toutes grandes et à sortir dans la rue. La vie de l’Église c’est d’être un signe de l’amour de Dieu au milieu de notre monde. L’Esprit a donné aux disciples le courage d’affronter les défis de la vie. Dans la deuxième lettre à Timothée nous lisons : «Ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi». (2 Tim 1, 6-7)

Chers frères et sœurs, la Pentecôte nous invite à nous ouvrir à l’Esprit qui donne le courage de vivre notre foi en devenant les témoins de Jésus-Christ et de son message d’unité et de paix. Comme le dit si bien la Séquence de la fête d’aujourd’hui : «Viens, Esprit Saint, en nos cœurs… Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé

 

Père Jean-Paul

Le 31 mai 2020