Quelle belle parole pour ces premiers mois de 2019 ! En effet, avec la nouvelle année, tout le monde espère voir les choses changer et s’améliorer. Nous sommes alors pris dans un tourbillon de choses à faire et à organiser ; fortement habités par un désir de liberté, de changement, de nouveauté, de guérison, qui engendre peut-être ce cri du cœur : « Oui, Dieu, s’il te plaît, fais toutes choses nouvelles dans ma vie ». 

C’est Jean, un visionnaire du premier siècle après Jésus Christ, qui rapporte cette parole de Dieu : « Voici, je fais toutes choses nouvelles ».  Elle s’adressait à des chrétiens persécutés sous le règne de l’empereur romain Domitien, alors qu’on leur imposait le culte impérial.  Jean leur écrit l’Apocalypse, qui ne signifie pas tremblement de terre, ni catastrophe ou fin du monde, mais « révélation » : indiquant le sens des événements, il s’agit d’une parole de Dieu ancrée dans le présent et qui appelle à croire en la présence, déjà maintenant, du règne de Dieu. Cela semble absurde en regardant la situation dans laquelle le texte a été écrit, mais aussi quand nous entendons ce texte dans notre contexte actuel. Notre monde n’est pas le royaume de Dieu, loin de là.  La terre est la même avec ses nombreux problèmes. La mort existe toujours ; la cruauté et la violence sont bien réelles.  Le deuil, les cris, les peines et les larmes sont bien existants. Les vieilles choses et problèmes non résolus continuent à exister et à plomber parfois nos jours : un vieux conflit non-résolu, une séparation difficile, une maladie, etc. Oui, nous savons bien que toutes choses ne sont pas nouvelles. Avec la foi nous ne pouvons pas appuyer sur un bouton pour effacer tout ce qui est derrière nous et tout ce qui nous préoccupe aujourd’hui.

Mais c’est peut-être l’angle du regard qui change avec la foi, la lumière dans laquelle nous voyons notre vie et notre réalité. L’apocalypse n’est pas une parole de doux rêveurs ; c’est plutôt une sorte de profession de foi fortement marquée par l’espérance, un mouvement social et une compréhension autre du monde et de la réalité. Nous pouvons regarder notre monde sous la lumière d’une espérance qui change et qui engage en même temps !  A la place de voir tout de notre seul point de vue, basé sur nos efforts et nos forces de changer, notre incapacité, nos échecs et nos erreurs…, nous pouvons nous voir et reconnaître sous le regard aimant de Dieu, comme des êtres nouveaux, habités par son Esprit et sa force, changés par lui dès maintenant, comme le dit si bien l’apôtre Paul dans sa deuxième épître aux Corinthiens 5,17 : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là ».

Le défi est de vivre ici comme des habitants de la Jérusalem nouvelle (Ap 21,2), c’est à dire, non pas fuir loin de la réalité des villes humaines mais les habiter en témoins d’une autre réalité. Les « nouveaux cieux » et « la nouvelle terre » (Ap 21-22) sont création de Dieu.  Nous ne pouvons rien forcer par notre activisme, mais nous pouvons habiter ce monde de Dieu en le traduisant par nos actes d’espérance, de tendresse et de joie partagées. De nouveaux chemins deviennent possibles. Notre situation si désespérée qu’elle puisse parfois paraître, n’est pas bloquée. Dieu nous dit qu’il y a toujours quelque chose de possible ! Il y a la résurrection et la vie au bout du chemin (Jn 11,25).  Que le contenu de cette feuille nous prépare à accueillir et à voir le règne de Dieu qui fait toutes choses nouvelles.

Père Sébastien, curé