Un mercredi après-midi à la prison de saint Quentin par un temps maussade de février. Lors des visites en cellule, dans ma mission d’aumônier de prison, les discussions tournent souvent sur les choses courantes de la vie, les colères ou les petites joies de la semaine. Ce jour là allait se révéler bien différent de d’habitude. C’est d’abord Tim (j’ai changé les prénoms) que je rencontre devant une porte fermée dans l’attente de la fin d’un « blocage » ou du bon vouloir d’un surveillant pour qu’elle s’ouvre. Après des déboires successifs avec ses co-détenus et une période de déprime en début d’incarcération il est aujourd’hui tout sourire et m’explique qu’il se sent maintenant dans la main de Dieu, qu’il se sent prêt à aider les autres et que quand il sortira de prison il voudrait aider ceux qui sont à l’intérieur. Premier relèvement, merci Seigneur ! C’est ensuite Tom, dépressif tout au fond de ses abîmes intérieurs qui me reçoit dans sa cellule. Avant d’entrer la surveillante m’a souhaité « bon courage ! ». Il me parle de sa condition, de son manque d’amour, de son manque d’affection, il n’a plus de cigarette et il n’en peut plus, il est au bord des larmes. Je sors alors le texte de l’évangile du jour que j’avais préparé, une feuille pour lui et une feuille pour moi. Son regard se fait attentif, il lit puis nous échangeons sur cette Parole entendue. Au cours de ce partage je le vois changer ; sa voix se pose, son visage se calme, ses yeux pétillent et il sourit ! C’est un autre Tom que je laisse en partant. Deuxième relèvement, merci Seigneur ! C’est enfin Bob que je retrouve dans sa cellule, c’est notre troisième rencontre et il me raconte les débuts de son incarcération il y a pas mal d’années, dans une autre prison. Il était tombé dans une profonde dépression, avait fini à l’hôpital psychiatrique, ne parlait plus, ne mangeait plus. Il m’explique que c’est en puisant dans sa foi, en comptant sur Dieu, en s’appuyant sur lui qu’il a peu à peu remonté la pente. Aujourd’hui il me témoigne tenir le coup grâce au Seigneur, il a plusieurs bibles dans sa cellule qu’il ouvre tous les jours. Il a récemment obtenu un travail dans la prison, quand il me l’annonce il me dit « tu vois, Dieu est là, il me soutient ». Troisième relèvement, merci Seigneur !

Nous allons fêter la Pâque du Christ, son passage de la mort à la vie éternelle. Il nous montre le chemin et il veut pour nous cette Vie. Des relèvements, des petites résurrections comme j’aime à les appeler, si nous ouvrons les yeux du cœur nous pouvons en être témoins dans nos vies, pour nous même et pour les autres comme pour ces détenus, cet après-midi de Février. Dieu est là, présent dans nos vies.

Alors oui : Alléluia ! Christ est vraiment ressuscité !

Bertrand Bubulle Farabet, diacre permanent.