J’ai profité du confinement pour fêter vingt ans de Diaconat avec Maurice Zundel et François Varillon. J’ai retrouvé le passage dans lequel il insiste sur le fait que rencontrer Dieu et rencontrer l’homme procèdent du même mouvement. Il tient même à dire que « le premier article du credo chrétien, c’est pratiquement : je crois en l’homme ». Pour lui, « croire en Dieu peut n’engager à rien alors que croire en l’homme engage tout. »

Nous ne sommes pas d’abord d’horribles pécheurs, mais des hommes en devenir. L’homme n’est pas du « tout fait » et sa vocation est « de se faire ». St Paul le dit autrement en nous proposant de passer du vieil homme à l’homme nouveau.

La mort de George Floyd nous rappelle toute la difficulté d’aller vers la plénitude de notre humanité, de faire ce passage de « l’individu » rivé à ses pulsions à « la personne » toute orientée vers le don de soi. St Paul en fait également le constat : « Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. »

Il faut cependant être patient, laisser le temps à cet homme en devenir, respecter ses tâtonnements et l’applaudir dans ces moments étoilés qui fondent une espérance et guident l’avenir.

Pendant le confinement, nous avons vu l’homme « naître de nouveau » comme le dit Jésus. C’était sublime et nos applaudissements à vingt heures chaque soir étaient la confirmation que l’homme « peut exister ».

Le Père Varillon nous dit que s’éloigner de l’homme, c’est s’éloigner du Christ. Après avoir médité cette parole, j’ai envoyé un sms à un copain qui se dit athée pour lui dire que je le côtoierai davantage, lui qui est un passionné de l’humain.

Nous pourrions peut-être, lors d’une prochaine Eucharistie, nous applaudir mutuellement pour ce que nous sommes et surtout pour cette « personnalité unique et merveilleuse qui sommeille au fond de chacun », qui a été réveillée par ce que nous avons vécu ces derniers mois.
                              

Jean Marie Claeys