En ce mois d’avril continue le carême et vient la fête de Pâques. Dans notre préparation à cette fête, nous pouvons être aidés par la parabole dite de l’enfant prodigue (Luc 15,11-32) qui montre le visage du Père miséricordieux et fait comprendre que la conversion est en quelque sorte une résurrection.
Le fils prodigue pense aux biens matériels, à l’argent. Il n’a pas compris l’essentiel, il n’a pas compris que l’amour du père était « l’héritage » important à recevoir pour vivre pleinement. Le père ne va pas contre la volonté de son fils ; il le laisse avancer à son rythme, il le laisse vivre sa vie.
Le jeune homme veut vivre sa vie seul, séparé. Il coupe le lien avec son père pour devenir indépendant. Il pense vivre en profitant, en dépensant excessivement. Il gaspille donc, dilapide sa fortune, brûle sa vie par les deux bouts. Mais un jour, l’essentiel vient à lui manquer. « Une grande famine survint » : il connaît le manque, le dénuement, la misère. En se coupant de son père qui était source de richesse, l’enfant s’appauvrit. En sectionnant nos liens d’amour, nous ruinons peu à peu notre vie. En nous coupant de Dieu, source de dons merveilleux, source d’une vie généreuse, nous perdons la vie. Et la mort nous gagne !
Alors, le jeune homme se met à réfléchir. Il reconnaît que de nombreux ouvriers chez son père ont du pain en abondance. Il prend la décision de retourner chez son père. Dans nos moments de manque, dans ces moments où tout semble noir, où nous avons l’impression d’être seuls au ras de la terre, il faut savoir que la pleine Lumière, Source de Fécondité, existe toujours et qu’Elle ne nous abandonne pas ! Le Père peut offrir à chacun ce qui lui est nécessaire pour vivre pleinement. Encore faut-il retourner vers Lui, recréer, de notre côté, le lien. Quels que soient nos manques, nos erreurs, la distance que nous avons mise entre l’Amour et nous, nous pouvons revenir à lui et cela sans aucune crainte. Le Père voit d’abord notre envie de changer de vie. En effet, lorsqu’il aperçoit le fils, il se précipite à sa rencontre diminuant ainsi son chemin ; il court, il est saisi de pitié et le couvre de baisers en déclarant que ce fils qui était mort est revenu à la vie (v. 32).
L’Amour ne donne pas de part d’héritage. Il est comme une source qui coule sans cesse et qui s’offre continuellement aux hommes. Encore faut-il revenir vers Lui pour se laisser toucher et transformer par sa générosité sans fin ! Revenir vers Dieu, l’Amour gratuit et vrai, permet de revivre. Les vrais liens d’amour ne sont pas à couper mais à préserver. Ils ne sont pas « prison » mais plutôt liens souples, élastiques qui préservent la liberté, le choix de l’autre. Oui, l’Amour nous fait passer de la mort à la vie (1 Jn 3,14).
Père Sébastien Pfuti-Phabu, curé