La pratique authentique de la foi chrétienne met en œuvre une double dimension de l’amour : l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
Sans l’amour de Dieu, on n’aurait pas le courage d’aller jusqu’au bout de l’amour du prochain. C’est la pratique du second qui permet de vérifier concrètement que le premier n’est pas illusoire de notre part. Et l’accomplissement des deux constitue la synthèse des exigences de la foi chrétienne.
Saint Matthieu a su bien élaborer la formulation la plus saisissante, la plus synthétique et la plus juste de la pensée de Jésus-Christ :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée : c’est là le grand, le premier commandement. Un second est aussi important : tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes »
(Mt.22, 37-40).
En définitive, l’Evangile ne demande pas autre chose que d’aimer Dieu et son prochain ; c’est le point d’ancrage de toute vie chrétienne.
L’Evangile nous demande d’aimer Dieu et son prochain. Dieu est le Tout Autre, c’est Lui qui fait tout mouvoir parce qu’il est créateur et vit dans l’éternité, caractérisé par l’immutabilité et l’insécabilité, c’est-à-dire qu’il ne change pas et ne peut être divisé. Cependant « qui est mon prochain ? », c’est la question qui fut posée à Jésus lui-même (Lc 10, 29). Sa réponse fut l’inoubliable parabole du bon Samaritain (Lc 10, 29-37).
Pour répondre à cette question, nous empruntons la réponse substantielle de Martin Luther King : c’est celui envers qui vous agissez en bon compagnon, c’est celui qui se trouve dans le besoin au bord de la route. Il n’est ni Juif ni Gentil, il n’est ni Russe ni Américain, il n’est ni Blanc ni Noir. C’est un homme, tout homme dans le besoin, sur l’une des nombreuses routes de Jéricho de la vie.
Au point de vue de l’Evangile, tout être humain est donc potentiellement mon prochain, même si je n’éprouve aucun attrait à son égard. L’amour authentique du prochain donne la force de maîtriser les répulsions de la sensibilité, même si ce prochain se comporte en ennemi.
Nous concluons avec cette belle parole de Jésus : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent »
(Mt5, 43-44).
Abbé Aimé Minkala