Nous allons découvrir comme chaque année les Évangiles de la Résurrection qu’il faut lire et relire afin d’acquérir une pédagogie quant à l’annonce de cette Résurrection. Suivre le cheminement intérieur des disciples, c’est passer de l’incrédulité à l’étonnement, puis à la joie, de la ferveur à l’annonce. Au matin de Pâques, personne n’avait envie de croire à cette histoire de Résurrection que les femmes leur avaient racontée. Ils ne voulaient pas y croire, et en même temps, ils ne pouvaient pas croire que la mission de cet homme-là était terminée. Les disciples ne font pas un constat, ils vivent une expérience forte “Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route ?” (Luc 24,32). Peu à peu, ils comprendront que celui qui est ressuscité, c’est le Fils unique, celui qui avait été leur ami, et qui désormais restera présent : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Nous ne ferons pas l’économie d’une expérience. En paraphrasant Angelus Silesius : «il nous importe peu que le Christ soit ressuscité il y a deux mille ans s’il ne l’est pas pour nous ici, aujourd’hui. » Comment croire à la Résurrection si nous ne pouvons pas en faire, quelque peu au moins, l’expérience ?
La Famille Llboudo est sortie du tombeau en ne dormant plus dans la rue et en intégrant un logement social à La Tour du Pin grâce à l’association des réfugiés et à toute la paroisse. L’enfant qui naitra ce mois-ci saura un jour qu’ensemble des hommes et des femmes, des croyants et des non-croyants sont passés de la mort à la vie parce qu’ils ont aimé (St Jean). Son baptême aura une couleur particulière. Pas encore né, lui aussi a fait l’expérience du tombeau. Nous nous souviendrons que le geste de l’eau nous renvoie au Jourdain et plus loin encore à la traversée de la mer des joncs, de l’esclavage à la liberté, de la rue à un à un logement, et lorsque Clémentine le tiendra dans ses bras, la Résurrection éclatera au grand jour.

Nous célébrons la fête de Pâques chaque année, pas uniquement pour commémorer indéfiniment un événement du passé, mais pour que cet événement devienne toujours plus concret. La charité discrète qui se vit dans notre paroisse alors que nous vivons une période particulière est une autre forme d’actualisation de la Résurrection. Elle est moins visible, mais il faut se rappeler ce que dit Jésus sur le sujet : « ton Père voit ce que tu fais en secret : il te le revaudra. »

Jean-Marie Claeys, diacre permanent