« Tu es précieux pour moi, car je t’aime », te dit le Seigneur.
Jésus a surpris les Douze : il a choisi ces hommes ordinaires, avec leurs défauts, leurs faiblesses, pour les rendre les apôtres du Fils de Dieu. Et ce que le Christ réalise par eux va donner naissance à cette Église encore vivante et porteuse de vie. Nous aussi, Dieu nous aime avec nos limites, qui font partie de notre chemin de sanctification et constituent la matière de notre lutte et le lieu où Dieu produit de nombreux fruits de sa miséricorde.
Connaissez-vous le conte de la cruche fêlée ? Le voici :
En Chine, un porteur d’eau possédait deux grosses cruches, chacune d’elle pendante aux extrémités d’une solide perche qu’il portait sur ses épaules. L’une des cruches était fêlée, tandis que l’autre était parfaite et livrait toujours une pleine portion d’eau.
À la fin de la longue marche du ruisseau à la maison, la cruche fêlée arrivait toujours à moitié pleine. Tout se passa ainsi, jour après jour, pendant deux années entières où le Porteur livrait seulement une cruche et demi d’eau à sa maison. Évidemment, la cruche qui était sans faille se montrait très fière de son travail parfaitement accompli. Mais la pauvre cruche fêlée était honteuse de son imperfection, et misérable du fait qu’elle ne pouvait accomplir que la moitié de ce qu’elle était supposée produire.
Après ces 2 années de ce qu’elle percevait comme étant une faillite totale de sa part , un jour, près du ruisseau, elle s’adressa au Porteur d’eau :
« J’ai honte de moi-même, et à cause de cette fêlure à mon côté qui laisse fuir l’eau tout au long du parcours lors de notre retour à votre demeure. »
Le Porteur s’adressa à la cruche : « As-tu remarqué qu’il y avait des fleurs seulement que de ton côté du sentier, et non sur le côté de l’autre cruche? C’est que j’ai toujours été conscient de ta fêlure, et j’ai planté des semences de jolies fleurs seulement de ton côté du sentier, et chaque jour durant notre retour, tu les as arrosées. Durant ces deux années j’ai pu cueillir ces jolies fleurs pour décorer notre table. Si tu n’avais pas été comme tu l’es, nous n’aurions jamais eu cette beauté qui a égayée notre maison »
Oui, chacun de nous avons nos imperfections, nos limites, nos échecs. Nous sommes tous des cruches fêlées. Mais ce sont ces failles et ces fêlures qui rendent notre vie commune plus intéressante et gratifiante, lorsque nous nous mettons à accepter chaque personne pour ce qu’elle est, à percevoir ce qu’il y a de bon en elle, et si possible à l’aider à mettre ce qu’elle est au profit de son épanouissement personnel et celui des autres. En même temps, nous avons à retenir que s’accepter soi-même, c’est ainsi que le Seigneur nous aime. Il redit à chacun : « Je t’ai appelé par ton nom, tu comptes beaucoup à mes yeux, tu es précieux pour moi, car je t’aime » (Chant de Noël Colombier ; cf. Is 43,4).
Père Sébastien