LES « JE SUIS » DE JESUS
Enlevez la pierre, Lazare vient dehors, déliez-le et laissez-le aller : trois interjections de Jésus qui peuvent rejoindre l’un ou l’autre d’entre nous… ? À méditer en reprenant le récit. Pour l’heure faisons un survol de l’Évangile de Jean.
Vous l’avez remarqué, ces trois dimanches de scrutin pour vous frères et sœurs catéchumènes, mais en définitive pour nous tous, nous avons eu des extraits de l’Évangile selon saint Jean. Le grand désir de SaintJean est de nous permettre de rencontrer Jésus comme lui-même l’a rencontré ! Et nous pouvons bien évidemment nous reconnaître dans ce disciple bien-aimé. Mais Saint-Jean veut aussi nous permettre de nous identifier à tant de ses contemporains dans la rencontre avec Jésus. Ainsi nous savons que nous sommes des bien-aimés comme lui Saint-Jean et tant d’autres qui avec lui ont goûté à cet amour de Jésus. Une des différences entre Saint-Jean et les autres évangélistes résident dans l’originalité des personnages dont il nous dresse le portrait. Chez les autres évangélistes, il n’y a pas de Samaritaine il n’y a pas d’aveugle né, il n’y a pas le dialogue de Jésus avec les sœurs de Lazare.
À tous ceux-là et bien d’autres, Jésus se révèle comme Dieu venu aimer cette humanité d’un amour inconditionnel qui dépasse tous les clivages, qui transperce tous les obstacles, qui rejoint chacun quel que soit sa situation… en définitive cela nous montre que le Dieu d’amour nous veut vivant : «je suis venu pour que vous ayez la vie et la vie en abondance » (Jn 10, 10) ! Saint Irénée traduira : « la gloire de Dieu c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu »
Nous avons toute une série de prises de parole dans lesquelles Jésus s’attribue le nom divin, le nom par lequel Dieu s’était révélé à Moïse dans l’épisode du buisson ardent. Souvenons-nous : Moïse est missionné par Dieu pour libérer le peuple esclave en Égypte. Et Moïse, à cette voie qui lui parle depuis le buisson ardent, Moïse ose poser une question très indiscrète : « Voici que je vais trouver des israélites et je leur dis : « le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous. Mais s’ils me disent : quel est son nom ? Que leur dirais-je ? Dieu dit à Moïse : (…) voici ce que tu diras aux israélites : « je suis m’a envoyé vers vous » (Ex 3, 13-15) dans cet épisode, Dieu parle de lui-même, et il ne peut employer que la première personne au présent du verbe être « je suis » ! Ou plus précisément encore « je suis celui qui est », sous-entendu il n’y en a pas d’autres. Ce Dieu est le seul vraiment existant, transcendant, l’auteur de tout ce qui existe, la source de vie. En s’attribuant ce nom, Jésus, dont le nom signifie « le seigneur sauve » se présente comme le seul et unique sauveur. Il est celui vers qui tendait toute la foi et l’espérance d’Israël. Il est la vie, la vie biologique bien sûre, mais encore plus la vie de l’esprit, la vie éternelle !
Il y a donc toute une série d’affirmations identitaires par lesquels Jésus reprend le nom de Dieu révélé à Moïse : je suis ! À la Samaritaine Jésus affirme : je suis le Messie au chapitre 4.
Au chapitre 6, Jésus, après avoir multiplié les pains, se présente en disant : je suis le pain de vie nourriture de vie éternelle, c’est ce que nous célébrons dans chaque eucharistie.
Aux foules qui l’écoutent et qui ont vu comment il a pardonné à la femme adultère, chapitre 8, Jésus annonce : je suis la lumière du monde et il ajoute celui qui me suit aura la lumière de la vie. Et dans ce même chapitre, Jésus ose s’attribuer par deux fois le nom divin : le fameux je suis, révélé à Moïse. Je vous invite dans la semaine qui vient à lire l’intégrale de ce chapitre huit que nous entendrons aux messes de semaine, mais pas dans son intégralité.
Au terme de l’épisode de l’aveugle né, au chapitre 10, devant les pharisiens incrédules, Jésus affirme : je suis la porte des brebis. On dit que le berger, après avoir rassemblé les brebis dans un enclos de pierres sèches, se couche en travers du passage qui permet d’entrer ou sortir de l’enclos. Et il ajoute : Je suis le bon pasteur, celui qui donne sa vie pour ses brebis. Et au terme de ce chapitre 10 Jésus déclame : je suis le fils de Dieu.
Nous avons entendu dans l’Évangile tout à l’heure, chapitre 11, à la question de la sœur de Lazare Jésus proclame : je suis la résurrection, la vie en moi a vaincu la mort.
À la fin du chapitre 12 nous retrouvons l’affirmation : je suis la lumière. Puis au chapitre 13 dans l’épisode du lavement des pieds : je suis le maître et le seigneur et immédiatement après au chapitre 14, la triple affirmation : je suis le chemin, la vérité et la vie. Le chemin tracé qui mène vers la maison du père. La vérité en acte de l’amour du père et enfin la vitalité de l’amour du père.
Au chapitre 15 par deux fois Jésus affirme : je suis la vigne, le cep. Nous, nous sommes les sarments qui vont porter du fruit. C’est dans ce chapitre que nous trouvons l’invitation à nous aimer les uns les autres car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Enfin, chapitre 18, devant Pilate Jésus affirme : je suis roi.
Reprenons chacun de ces termes : Messie, pain de vie, lumière du monde, la porte des brebis, le bon pasteur, le fils de Dieu, la résurrection, le maître et le seigneur, le chemin, la vérité, la vie, la vigne, le roi… en méditant l’Évangile de Saint-Jean, découvrons l’intention de Jésus, sur notre humanité mais aussi sur chacun de nous ! Accueillons son désir de faire de chacun de nous un vivant pour la vie éternelle, dont nous avons l’assurance depuis notre baptême !