Texte étonnant et inattendu de ce grand auteur français contemplant Marie dans la crèche avec les yeux d’un peintre devant sa toile blanche…
La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un émerveillement anxieux qui n’apparut qu’une fois sur une figure humaine. Car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois et lui donnera le sein, et son lait deviendra le sang de Dieu. Et par moment, la tentation est si forte qu’elle oublie qu’il est Dieu. Elle le sert dans ses bras et elle dit : « Mon petit ».
Mais à d’autres moments, elle demeure interdite et elle pense : Dieu est là, et elle est prise d’une horreur religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant terrifiant. Car toutes les mères sont ainsi arrêtées par moment, devant ce fragment rebelle de leur chair qu’est leur enfant, et elles se sentent en exil devant cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent des pensées étrangères. Mais aucun enfant n’a été plus cruellement et plus rapidement arraché à sa mère, car il est Dieu et il dépasse de tous côtés ce qu’elle peut imaginer…
Mais je pense qu’il y a aussi d’autres moments, rapides et glissants, où elle sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle, et qu’il est Dieu. Elle le regarde et elle pense : « Ce Dieu est mon enfant. Cette chair divine est ma chair. Il est fait de moi, il a mes yeux et cette forme de sa bouche, c’est la forme de la mienne, il me ressemble. Il est Dieu et il me ressemble ».
Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule, un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui rit. Et c’est dans un de ces moments là que je peindrai Marie si j’étais peintre.
De qui est ce texte ? Réponse dans la feuille du mois de janvier, vous serez étonnés !
Très Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’année à tous Prenez soin de vous et de ceux qui vous entourent.