La fête du Christ Roi c’est toujours une prise de conscience de notre identité royale et plus particulièrement en temps de pandémie, c’est une invitation à pratiquer le fitness spirituel.

Notre identité royale ! Avons-nous conscience de cette identité de cette qualité ? Le savions nous ? C’est du sang royal qui coule dans nos veines ! Car nous ne sommes pas sujets du roi Messie (Christ roi) mais frères et sœurs. Ce roi est un fils aîné d’une multitude de frères : « venez les bénis de mon père recevez en héritage le royaume… » Jésus partage son héritage avec certains de ses frères et sœurs, nous invitant à prendre sa suite ! Mais Jésus est un roi préoccupé de ces autres frères et sœurs qui sont en difficulté et auxquels il s’identifie : ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous l’avez fait !

Mais en quoi Jésus le Christ est-il roi ? La royauté du Christ nous est décrite dans la deuxième lecture, la lettre de Paul aux chrétiens de Corinthe. La royauté de Jésus c’est son autorité sur la mort. Le pouvoir royal du Christ vient de sa résurrection, victoire sur la mort qu’il transmet à l’humanité. Victoire sur les puissances du mal, sur l’ennemi multiforme. Et quand la mort sera détruite il remettra tout entre les mains du Père. Celui qui est roi, c’est celui qui a autorité sur la mort. Nous le savons bien au fil de l’histoire humaine. Mais la différence avec Jésus c’est qu’il n’est pas celui qui donne la mort, mais celui qui la choisit par amour pour le salut de l’humanité. Donc la mission royale de Jésus c’est de détruire les puissances du mal dont la finalité est de répandre la mort ! Comment va-t-il y arriver ? Il y arrivera par nous ! Oui par nous ! Ce pouvoir royal a été remis à chacun d’entre nous le jour de notre baptême ! Par l’huile sainte, le saint chrême, nous avons été marqué du Saint Esprit pour être membre de Jésus-Christ : prêtre, prophète et roi. Avons-nous conscience de cette triple mission et particulièrement la mission royale qui consiste à faire échec et mat à la mort ?

Jésus nous a donné tout ce qu’il est ! Ainsi il n’y a pas le Christ d’un côté et nous de l’autre, il y a le Christ qui est tout en tous ! Jeanne d’Arc, à ses juges qui cherchaient à la mettre en contradiction avec l’Eglise, Jeanne d’Arc répondait : « m’est avis que le Christ et l’Eglise c’est tout un » Saint-Paul à longueur de lettres décrit cette unité active du Christ et de l’Eglise : il est l’époux nous sommes l’épouse ; il est la tête nous sommes son corps, et soit dit en passant le drame de l’Eglise c’est lorsqu’elle perd la tête… ! Il est le bon berger qui conduit son troupeau… ! Et Jésus affirme : sans moi vous ne pouvez rien faire et l’inverse est vrai : sans nous Jésus ne peut rien faire, vérité majeure.

Ainsi Le Christ est en chacun de ceux qui s’attachent à lui, ils sont chrétiens. À chaque eucharistie par sa parole confiée et par son corps livré Jésus nous donne part à sa royauté ! Il nous demande d’avoir une vie conforme à son agir royal, là est notre dignité royale : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé… c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra pour mes disciples… il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime… si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour en nous atteint sa perfection… ! » Et Saint-Paul d’ajouter : « nous ne devons pas aimer avec des paroles et des discours, mais en actes et en vérité »

Si le Christ se donne à nous c’est pour que nous nous donnions à nos frères… et en nous donnant à nos frères nous nous donnons à lui ! Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous l’avez fait ! La boucle est bouclée ! Je suis à la fois le sujet de mes frères et royalement responsable d’eux comme de mes sujets. Ainsi, Il nous est proposé de mettre en œuvre les verbes d’action du bon Pasteur que nous trouvons dans la première lecture : soigner, chercher qui revient trois fois, veiller trois fois, délivrer, faire paître deux fois, faire reposer, ramener, reprendre des forces, garder… derrière chacun de ces verbes il y a la victoire de la vie sur la mort. Il en est de même dans l’Évangile : nourrir l’affamé, désaltérer l’assoiffé, accueillir l’étranger, couvrir la nudité, visiter le malade, aller à la rencontre du prisonnier c’est faire échec à la mort, c’est faire triompher la vie, c’est faire œuvre de résurrection, c’est fait avancer le règne de Dieu… ! C’est exercer notre mission de roi… !

Maintenant, venons-en au fitness spirituel ! Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens… c’est à moi que vous l’avez fait dit Jésus ! Cette affirmation a autant de valeur que l’affirmation : ceci est mon corps, ceci est mon sang ! Ce pain et ce vin c’est moi : sacrement de l’eucharistie ! De même, ces petits qui sont mes frères c’est moi ; et nous pouvons appeler cela le sacrement du frère ! C’est une autre forme de présence réelle ! De même que nous venons à la rencontre de Jésus en allant à la messe, de même nous venons à la rencontre de Jésus en allant vers nos frères.

Je dirais même plus : parce que nous avons rencontré Jésus en venant à la messe… nous devons aller à la rencontre de Jésus en allant vers nos frères. Ne pas le faire c’est prendre le risque d’être des gavés de Jésus ! Nous devons dépenser les calories spirituelles reçues… si nous n’aimons pas à la hauteur dont Jésus nous aime nous risquons l’obésité spirituelle, la crise de goutte spirituelle. C’est bien connu, l’hygiène de vie implique l’exercice physique, corollaire de tout bon repas. Il en est de même après le bon repas de l’eucharistie ! Nous devons transformer les nourritures spirituelles en amour mutuel.

Et si le Seigneur, –par le moyen de ce jeûne eucharistique, qui nous est imposé–, et si le Seigneur nous invitait à pratiquer une sorte de fitness spirituel. S’il nous invitait à rééquilibrer notre vie spirituelle en découvrant les autres formes de présence réelle ! Selon Wikipédia « le fitness désigne un ensemble d’activités physiques permettant au pratiquant (du fitness) d’améliorer sa condition physique et son hygiène de vie, dans un souci de bien-être. » Si les pratiquants chrétiens que nous sommes veulent savoir comment appliquer cette définition à leur vie spirituelle il leur suffit de relire l’Évangile de ce jour… ! Et de le relire sans oublier la finale qui décrit l’œuvre de mort. N’oublions pas l’avertissement de Saint-Jean dans sa première lettre : « celui qui affirme aimer Dieu, alors qu’il n’aime pas son frère est un menteur. Comment peut-il affirmer aimer Dieu qu’il ne voit pas, alors qu’il n’aime pas son frère qu’il voit » (1 Jn 5, 20).

Si les chrétiens que nous sommes réactivent leur identité royale et pratiquent régulièrement le fitness spirituel il y a de beaux jours pour la chrétienté dans le monde et pourquoi pas dans notre paroisse… !

Père Bertrand, 23 novembre 2020