Savez-vous ce que c’est qu’un hapax ?
C’est un mot qui n’apparaît qu’une seule fois dans la bible et il donne du fil à retordre aux biblistes chevronnés. Il existe même des livres complets pour traiter du sens d’un seul de ces hapax bibliques. Les chercheurs vont alors tenter de trouver des écrits de la même époque qui utilisent ce mot pour comprendre le sens qui lui était donné en ce temps-là.
Ce travail sur la bible est un travail intellectuel bien éloigné de notre rapport à ces textes. Quand nous entendons l’évangile proclamé le Dimanche à la messe, quand nous lisons un passage de la bible seul ou en petit groupe ce n’est pas pour tout comprendre et tout analyser mais c’est avant tout pour se laisser toucher au cœur.
Le christianisme n’est pas une religion du Livre ni même de l’écrit, même s’il entretient un rapport fort avec celui-ci. Dieu ne veut pas écrire aux hommes, Il veut leur parler. S’Il se contente de dicter un texte, Dieu garde une distance, car le texte Lui est extérieur. Alors que s’Il parle directement à l’homme, Dieu ne peut être étranger à sa propre Parole, et Il s’engage Lui-même dans le monde et dans l’Histoire.
Le christianisme est une religion de la Parole. La relation du chrétien au texte sacré est vivante : elle prend vie lorsqu’elle est proclamée, prêchée, expliquée, mise en relation avec notre vie, agissante dans notre existence quotidienne.
A la messe, la proclamation des extraits de l’Ancien et du Nouveau Testament est à écouter, non pas à lire, elle se conclut par la formule : « Parole du Seigneur » / « Nous rendons grâce à Dieu »), ce qu’on pourrait traduire par : « Que cette parole devienne pour vous Parole de Dieu ». Alors le texte, entendu, médité, vécu, peut devenir le lieu de la rencontre avec la Parole de Dieu, qui est le Christ lui-même.
Le socle des fraternités locales est cette écoute de la Parole. Il ne s’agit pas de chasser l’hapax mais il s’agit d’écouter, de se laisser rejoindre, de se laisser toucher. Ce peut-être un mot, une phrase qui créera un élan de joie, de paix ou même d’inquiétude voir de révolte. C’est ce mot, cette phrase que l’on essaiera de savourer et que l’on pourra partager avec les autres membres de la fraternité. L’apport de chacun éclaire alors le texte et nous parle ce jour-là. Le même texte repris quelques jours plus tard pourra résonner différemment en nous car nous ne sommes plus les mêmes, notre contexte intérieur est différent et Dieu nous interpelle comme nous sommes, alors laissons-nous toucher.
Bertrand (Bubulle) FARABET, diacre permanent