« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn. 1,29)

Homélie du deuxième dimanche du temps ordinaire A

Dimanche passé nous avons célébré le baptême du Seigneur. Et la méditation de ce jour là était focalisée sur le témoignage que le Père fait du Fils : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie » (Mt. 3,17). L’Evangile d’aujourd’hui nous fait  méditer de nouveau sur le baptême de Jésus, mais cette fois-ci en attirant notre attention sur le témoignage de Jean Baptiste : «Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde».

Voilà une expression assez énigmatique qui nous est devenue familière parce qu’à chaque messe, nous entendons ces mots, et trois fois nous les chantons avant la communion.  Que signifie donc ce titre « Agneau de Dieu » que Jean Baptiste décerne à Jésus ? Il faut l’avouer, cet attribut de Jésus n’a pas beaucoup d’attrait pour les hommes et les femmes de notre temps. Le symbole de l’agneau n’est pas très parlant pour nous, et en général nous n’aimons pas entendre parler de péché.

Nous avons perdu le sens du péché. Lorsqu’on commet une erreur, on blâme l’instinct, l’hérédité, l’environnement, l’inconscience. Ou encore, on accuse les autres pour cette faute : le gouvernement, la famille, le système, les conditions défavorables, etc. On va jusqu’à accuser Dieu. Devant le corps sans vie d’un enfant mort de cancer ou devant une catastrophe naturelle, nous sommes prêts à crier notre révolte  contre Dieu, oubliant que l’homme est, dans une large mesure, responsable des perturbations qui s’observent dans la nature. Nous n’acceptons pas d’être responsables de certaines de nos actions.

Pourtant le mal est présent en nous et au milieu de nous, même si nous refusons de l’appeler «péché».

Et qu’est-ce qu’on pourrait appeler  « le péché du monde » ? Voici quelques exemples de ce qui, aujourd’hui, ferait partie de ce que Jean Baptiste désigne comme «le péché du monde» : Que les 26 personnes les plus riches du monde possèdent l’équivalent de la richesse de la moitié de l’humanité la plus pauvre et dictent leur loi à la planète, que 8 milliardaires français disposent d’une fortune équivalant à celle des 30% de français les moins bien lotis, que des millions de personnes meurent de faim encore aujourd’hui; que des populations entières soient chassées de leur maison et de leur pays par la guerre; et que ceux qui ont le pouvoir de décision gardent un silence complice et fassent preuve d’inaction coupable devant toutes ces injustices et tous ces crimes… Voilà ce qu’on peut appeler aujourd’hui le péché du monde.

Jean Baptiste désigne Jésus comme «l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde», parce que toute sa vie durant il a dénoncé l’injustice, il a choisi le côté du pauvre et du faible qu’on opprime. Et il a donné sa vie en rançon pour ce monde.

Je lisais un jour la petite histoire d’un ouvrier que chacun peut s’appliquer: «Un homme qui aimait se moquer des chrétiens, demanda à un compagnon de travail : André, peut tu m’expliquer comment Jésus a fait pour changer l’eau en vin? André répondit : Je ne peux pas t’expliquer comment il a fait pour changer l’eau en vin, mais je sais qu’il y a une dizaine d’années, j’étais un alcoolique détestable, violent avec ma femme et mes enfants, je dépensais plus de la moitié de mon salaire en boisson et ma famille n’avait pas assez pour vivre. Un ami m’a aidé et il m’a parlé de Jésus. Petit à petit, je suis devenu un travailleur honnête et pacifique et un bon père de famille aimant et chaleureux. Je ne peux pas t’expliquer comment Jésus a changé l’eau en vin, mais je peux te raconter comment il a changé l’alcoolique que j’étais en bon père de famille.» Pour moi, Jésus a vraiment été «l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde», l’agneau de Dieu qui a enlevé mon péché!

Père Jean-Paul